Diversification Alimentaire du Nourrisson

C’est une étape importante dans le développement de Bébé. Tout un univers de possibilités s’ouvre alors ! Il y a quelques clés pour bien réussir la diversification. Je vous les livre au cours de cet article.

En route vers la découverte des saveurs !

Selon les recommandations de la Société Européenne de Nutrition Pédiatrique, de l’Académie Européenne de Pédiatrie, des Sociétés d’Allergologie et de la Société Française de Pédiatrie, il est préconisé, depuis 2008, d’entreprendre la diversification alimentaire entre 4 et 6 mois. Beaucoup d’études suggèrent que plus tardivement cela favorise l’apparition d’allergies. En effet, la biodiversité bactérienne de l’intestin, appelé microbiote, est estimée à environ 1200 espèces comptant 10 puissance 14 bactéries (soit 10 fois le nombre de cellules du corps humain). Le microbiote se forme dès la naissance et arrive à maturation vers 2-3 ans. Son développement dépend du mode d’accouchement, de l’allaitement, des infections, de la diversification alimentaire et de l’environnement familial. L’hypothèse hygiéniste suggère que la maturation correcte du système immunitaire nécessite une exposition repétée à de nouveaux antigènes bactériens et que l’appauvrissement de notre environnement microbien favorise le développement de réponses immunes inadaptées (allergies) contre des antigènes normalement inoffensifs. D’où l’intérêt d’une diversification précoce et rapide. Cependant la diversification ne doit pas être débutée avant 4 mois ni après 6 mois, car les laits maternels ou maternisés ne permettent plus de répondre à eux seuls aux besoins nutritionnels et au développement du nourrisson.

Voici un guide pour cette étape importante

Premier jour:

Matin: lait (j’emploie ‘lait’ pour désigner au long de cet article l’allaitement maternel ou le lait maternisé)

Midi: purée avec un seul légume (haricot vert, brocoli, courgette, carotte,…) puis compléter avec du lait selon les désirs de l’enfant
Gouter: lait
Soir: lait

Deuxième jour:

Matin: lait

Midi: purée avec le même légume que le premier jour puis compléter avec du lait selon les désirs de l’enfant
Gouter: compote avec un seul fruit (au choix), compléter avec du lait selon les désirs de l’enfant
Soir: laitTroisième jour:

Matin: lait
Midi: purée avec un seul légume différent du 1er et 2ème jour (on peut également introduire la pomme de terre) puis compléter avec du lait selon les désirs de l’enfant
Gouter: compote avec le même fruit que le 2ème jour puis compléter avec du lait selon les désirs de l’enfant
Soir: lait

Quatrième jour:

Matin: lait

Midi: purée avec le même légume que le 3ème jour puis compléter avec du lait
Gouter: compote avec un seul fruit différent du 3ème jour puis compléter avec du lait
Soir: lait

Et ainsi de suite… Ainsi il n’y aura qu’un seul nouvel aliment chaque jour et si une éruption ou autre forme d’allergie se produit on saura qui est le responsable.

J’entends par purée de légumes: un légume cuit à l’eau ou encore mieux à la vapeur (pour préserver les vitamines : celles hydrosolubles ne partent donc pas dans l’eau de cuisson qu’on égoutte). Puis mixé finement, sans morceau, et non salé. Le mieux est de choisir les légumes de saison et locaux. Proposez une grande variété dans la première année de vie. En raison de leur goût prononcé ou de la fermentation colique qu’ils occasionnent, évitez de débuter par poivrons, salsifis, choux à feuilles, céleri, petits pois, navets, vert de poireaux. Cependant une fois les autres légumes testés, passez à ceux-ci.

Et j’entends par compote: un fruit cuit et mixé, sans rajouter de sucre. En général, on commence par la pomme et la poire. Ce qui permet par la suite de faire des variantes pour les fruits ne pouvant être consommés en compote. Par exemple pomme/orange: compote de pomme avec un trait de jus d’orange. Ce qui permet à Bébé de découvrir d’autres saveurs. La priorité sera donnée à l’aliment brut. Et ensuite aux mélanges.

Les pêches, poires, pommes, bananes, raisins épépinés peuvent être donnés crus s’ils sont bien mûrs et pelés, râpés ou écrasés.

Quantité:

Il s’agit dans un premier temps d’une découverte. On propose quelques cuillères jusqu’à ce que Bébé n’en veuille plus. Et on complète avec du lait.

Un petit pot du commerce contient 125-150g. En fonction de la quantité que Bébé mange, la portion de lait diminuera naturellement. S’il boit du lait maternisé, on pourra réduire d’une dose par exemple.

On continue l’alternance pendant 15 jours en ne négligeant aucun fruit ou légume et en ne craignant aucun d’entre eux. Même le kiwi, les fruits exotiques ou les fruits rouges…

Au bout des 15 jours, on commence à introduire les protéines mélangées au repas de midi, en premier lieu avec de la viande. Toujours de la même manière, une nouveauté à la fois. On démarre avec de la viande blanche: blanc de dinde ou poulet, jambon blanc, puis steak haché, ensuite d’autres viandes (veau, lapin, cheval, autres morceaux de porc…). La quantité juste est l’équivalent de la taille de la paume de main de Bébé. C’est donc une petite portion et cette équivalence est valable tout au long de sa croissance.

On poursuit sur 7-10j puis on introduit les oeufs en commençant par le jaune uniquement et ensuite l’oeuf entier.

Ensuite le gluten: seigle, avoine, blé, orge. On privilégie des petites pâtes type alphabets ou étoiles, pour éviter les fausses routes. On peut aussi donner du pain ou des boudoirs si Bébé a des dents, toujours sous surveillance. On démarre par de petites quantités, qui ne doivent pas être au détriment des légumes. Les céréales infantiles à mettre dans le lait contiennent souvent du gluten, c’est à ce moment là que vous pouvez en mettre dans le biberon du matin par exemple, si Bébé le finit entièrement. Choissisez uniquement les céréales brutes et non aromatisées (cacao, vanille….) car elles contiennent du sucre. En cas de doute, vérifiez la liste des ingrédients.

On poursuit avec les graisses en testant tout type l’huile, une à une et uniquement avec des aliments déjà testés. Ne pas oublier l’huile l’arachide. Une petite cuillère dans la purée du midi suffit. Lorsqu’elles sont toutes testées, vous pouvez privilégier les huiles apportant des omégas 3 (colza, noix, lin).

On continue avec le riz et les autres féculents.

Puis le poisson, d’abord ceux à chaire blanche. Ensuite tous les autres.

Voici les 6 mois de Bébé, la découverte des goûts et des saveurs se poursuit. Faites-lui goûter de tout. N’ayez pas peur du sel, du sucre ou des graisses, toujours en petites quantités. Un organisme qui a tout testé sait comment utiliser et stocker correctement chaque nutriment. Un organisme qui découvre tardivement un nutriment (sucre, sel, graisse) tatonne et commet des erreurs dans son utilisation. Bébé est en train de classer chaque aliment en fonction de sa composition, ce qui lui permettra une bonne régulation pour le reste de sa vie.

Gardez en tête que les lipides (graisses) sont essentiels dans le développement du système nerveux central mais aussi pour la quantité d’énergie qu’ils apportent. D’où la cuillère à café d’huile dans la purée de midi.

Tout au long de la diversification, privilégiez l’allaitement maternel jusqu’à 4 mois révolus, idéalement 6 mois. Vous pouvez recourir à des laits maternisés adaptés à l’âge de Bébé. Ils sont spécifiquement conçus pour couvrir les besoins nutritionnels et physiologiques.

Favorisez les laits de croissance (ou 3ème âge) aussi longtemps que possible (jusqu’à 3 ans est idéal) à raison de 2 biberons par jour (matin + gouter), soit environ 500ml/j. Ceci afin de subvenir aux énormes besoins en fer de l’enfant.

Le lait doit rester le principal produit laitier du nourrisson donc retardez au maximum son remplacement par yaourts, petits-suisses et fromages, dont il faut bien connaitre les équivalences en calcium, les besoins journaliers étant couverts par 500 ml/jour minimum de lait. De plus, privilégiez les moins protéinés afin d’apporter autant de calcium avec moins de protéines. Plusieurs études montrent une forte consommation des protéines en Europe, jusqu’à atteindre 4 fois les apports recommandés. Cela peut provoquer des conséquences diverses, parlez-en avec votre diététicienne ou votre pédiatre.

Quelques équivalences en calcium :

300 ml de lait maternisé pour nourrisson

= 200 ml de lait maternisé de suite (dès 6mois)

= 180 ml de lait maternisé de croissance

= 1 yaourt ou 3 petits-suisses de 60 g ou 6 cuillères à soupe de fromage blanc.

= 20 g de fromage à pâte dure (type gruyère) ou 30 g de fromage à pâte mi-dure (type St-Nectaire) ou 45 g de fromage à pâte molle (type camembert) ou 90 g de fromage fondu (type Tartare).

Les laits de croissance et yaourts dans le rayon bébé sont importants jusqu’à l’âge de 3 ans en raison de leurs compositions mieux adaptées. Si vous envisagez un passage au lait de vache pour des raisons économiques : pas avant l’âge de 1 an minimum et préférez le lait entier pour son apport en lipides.

Le lait de croissance apporte, en comparaison avec le lait de vache entier:

– 0 à 30 fois plus de fer (pour éviter la carence en fer et l’anémie, car le lait de vache contient très peu de fer, et du fer peu assimilable)

– 2 à 3 fois moins de protéines (les enfants consomment beaucoup trop de protéines actuellement)

– beaucoup plus d’acides gras essentiels, surtout oméga3 (le lait de vache contient très peu d’oméga 6 et pratiquement pas d’oméga 3)

– 2 à 3 fois moins de sels minéraux

– 2 à 3 fois moins de sel

– plus de zinc

– plus de vitamines A, D, E,C

Un yaourt est équivalent à 120 ml de lait. S’il s’agit de yaourts classiques, ils sont fabriqués à partir de lait de vache demi-écrémé, ce qui n’est pas l’idéal pour Bébé. Car il a besoin de matières grasses et les yaourts classiques en contiennent la moitié moins.

Les laitages bébé peuvent être sucrés: le sucre n’est pas interdit chez l’enfant, il doit même faire partie des saveurs proposées: c’est l’excès de sucre qui est nocif. L’ajout de fruits, crus ou cuits, dans les laitages est une bonne façon de varier les desserts. Certains sont supplémentés en fer et en acides gras essentiels. La réglementation française interdit aux industriels l’utilisation des laits de suite ou de croissance pour la fabrication des laitages en raison de l’apport en vitamines A et D. Les laitages spécifiques pour bébés du commerce ne sont donc pas réellement équivalents au lait de suite ou de croissance.

Biensur, le recours a des laitages classiques est possible, tout est une question d’équilibre en nutrition. Surtout si les apports sont remplis avec du lait maternisé adapté à l’âge de l’enfant.

Il existe des laitages sans protéines de lait de vache en pharmacie, en cas d’intolérances. Les protéines sont remplacées par des protéines de lait de riz et ces laitages apportent également tous les éléments importants d’un lait infantile (calcium, acides gras essentiels, fer…)

Astuces: faire vous même vos yaourts avec du lait de croissance (à condition qu’il ne contienne pas de pro-biotiques) : ainsi ils seront vraiment spécifiques pour Bébé.

Préférez la viande, le poisson et les oeufs à la charcuterie, trop riche en sel et protéines et pauvre en fer. Ne donnez des protéines qu’à un seul repas sur la journée.

Proposez du poisson 1 à 2 fois par semaine, en variant poissons blancs et poissons gras (saumon, thon, maquereaux, sardines, harengs…) pour l’apport en oméga 3.

Je précise qu’une alimentation végétalienne ou végan ne convient pas à Bébé. En effet, un enfant a des besoins qui ne sont pas les mêmes qu’un adulte. Son organisme est en pleine croissance. Il a besoin de nutriments, de vitamines, d’oligoéléments, d’acides aminés essentiels. La viande et le poisson sont des sources importantes d’acides aminés essentiels (représentés en totalité uniquement dans les protéines animales) mais aussi en acides gras dits polyinsaturés (pour le développement du cerveau par exemple), en taurine, en iode, en fer, en vitamine dont la vitamine B12. (importante pour la fabrication des globules rouges). Les conséquences de carences sont des ralentissements de croissance, des dénutritions et des rachitismes. Il est impératif d’en parler à une diététicienne ou un pédiatre.

En ce qui concerne les légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots…) qui constituent les protéines végétales, attendez les 18 mois de Bébé en raison de la fermentation colique occasionnée.

L’eau est la seule boisson à proposer aux nourrissons. Il est possible d’en donner dès les premiers jours, en plus des biberons s’il fait chaud et si Bébé est nourri au lait maternisé. En cas d’allaitement la composition du lait maternel va s’ajuster naturellement pour bien l’hydrater.

Veillez à l’hydratation du nourrisson dès lors que l’on commence à remplacer une partie du lait par d’autres aliments. L’eau du robinet convient très bien ; si une eau en bouteille est donnée, choisir une eau faiblement minéralisée (regardez sur l’étiquetage sur la bouteille).

Ne donnez pas de plats préparés pour adultes. Ils sont inadaptés contrairement aux repas pour bébés tout prêt. Vous pouvez y avoir recours par manque de temps, ils constituent un choix de qualité pour votre bébé, ne culpabilisez pas.

Si votre enfant refuse un aliment, n’insistez pas et proposez-lui à nouveau le lendemain ou quelques jours après. Ses goûts évoluent. Évitez tout conflit pendant le repas qui doit rester un moment d’échange et de plaisir.

Profitez de ces moments avec Bébé.

Bonne diversification

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